30 avril 2025
Le Parti libéral, désormais dirigé par Mark Carney, a remporté un quatrième mandat consécutif lors des récentes élections fédérales, formant un gouvernement minoritaire avec 168 sièges — à seulement quatre sièges de la majorité. Le parti devra donc continuer de compter sur l’appui du NPD ou du Bloc Québécois pour faire adopter ses projets de loi. Changement de direction, nouvelles orientations politiques Même si l’équilibre des forces à la Chambre reste largement inchangé, la prise de pouvoir de Carney marque un virage dans plusieurs domaines clés, notamment en matière de politique budgétaire et de logement. Perspectives budgétaires : de grands stimulants, de plus grands déficits Les libéraux prévoient des dépenses nouvelles de 77 milliards de dollars sur les quatre prochaines années, soit 2,5 % du PIB en 2024, selon Oxford Economics. Les fonds seront principalement dirigés vers la défense, les infrastructures et le logement, accompagnés de baisses d’impôt pour les particuliers et les entreprises. Le directeur parlementaire du budget anticipe un déficit fédéral de 62,3 milliards de dollars (2 % du PIB) en 2025-2026, en hausse par rapport à une prévision de base de 46,8 milliards (1,5 % du PIB). Avery Shenfeld, de la CIBC, prévient que ce déficit pourrait être encore plus élevé si la croissance économique déçoit, notant que « la probabilité que le déficit dépasse 2 % du PIB est plus importante que celle d’un déficit moindre. » Perspectives économiques : un stimulant limité, une récession toujours probable Bien que les mesures prévues offrent un certain coussin, les économistes n’anticipent qu’un impact modeste. Oxford Economics estime que le plan devrait augmenter la croissance du PIB de 0,2 point en 2025 et de 0,6 point en 2026. Néanmoins, une légère récession est toujours attendue dès le deuxième trimestre de cette année. Robert Kavcic, de la BMO, évalue le stimulant net à environ 0,5 % du PIB en 2025-2026, même en tenant compte de possibles représailles commerciales. Il souligne toutefois que des risques à la baisse persistent si l’économie sous-performe. Politique du logement : accessibilité et offre au cœur des priorités Les libéraux promettent plusieurs initiatives pour améliorer l’accessibilité et augmenter l’offre de logements. Parmi les mesures phares : Suppression de la TPS sur les maisons neuves de moins de 1 million $ pour les premiers acheteurs 25 milliards $ de financement pour le développement de logements abordables Réduction de 1 % du premier palier de l’impôt fédéral sur le revenu Annulation de la récente hausse du taux d’inclusion des gains en capital Beaucoup de ces mesures bénéficient d’un soutien multipartite, notamment l’exonération de la TPS et les investissements massifs en infrastructures. Politique climatique et carbone : changement de cap Les libéraux prévoient d’abolir la taxe carbone pour les consommateurs tout en maintenant les mécanismes de tarification pour les grands émetteurs. Ils proposent aussi des tarifs d’importation sur les produits provenant de pays n’ayant pas de politiques climatiques comparables. Taux d’intérêt et réaction des marchés Avec un important plan de relance en préparation, la Banque du Canada devrait s’abstenir de réduire agressivement ses taux. Oxford Economics souligne que les dépenses publiques « assurent l’essentiel du soutien », réduisant ainsi la nécessité d’un assouplissement monétaire marqué. Des baisses de taux restent toutefois probables. La BMO prévoit une réduction de 75 points de base d’ici la fin de l’année, tandis que les marchés en anticipent environ 50. Le prochain budget fédéral sera crucial pour orienter la décision de la Banque. Les marchés ont peu réagi au résultat de l’élection. Le dollar canadien et les rendements obligataires sont restés stables, les investisseurs tournant désormais leur attention vers le budget et les négociations commerciales avec les États-Unis.